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  • Photo du rédacteurCorinne Bertaiola

Le surdoué ou la fausse image de l’élève HPI



Quand on parle d’enfant surdoué, on pense tout de suite au petit génie qui retient tout, qui peut résoudre des problèmes de maths trop complexes pour son âge et qui réussit tout ce qu’il entreprend. Et pourtant, de nombreux enfants hauts potentiels sont en échec scolaire, beaucoup ne font pas de longues études et mêmes ceux qui réussissent leur scolarité n’arrivent pas toujours à s’adapter au monde du travail et se retrouvent aussi en échec à l’âge adulte.

S’ils sont surdoués, pourquoi peuvent ils être en échec ?



L’élève HPI


Le haut potentiel intellectuel est « définit » principalement par le fameux test de QI (QI >130). Même s’il est remis en question par certaines personnes, c’est la seule mesure qui est à notre disposition aujourd’hui. Ce test est réactualisé régulièrement et peut être complété par des subtests mais surtout il doit être accompagné d’un entretien avec un psychologue spécialisé qui pourra donc prendre en compte d’autres composantes. Je n’en dirais pas plus sur les tests de QI, ce n’est pas le sujet ici.

Le mot « surdoué » peut se traduire par plus de dons que les autres. Le don étant inné, obtenu sans effort, on imagine des talents multiples chez une personne, quelqu’un qui fait tout mieux que tout le monde et surtout on pense à quelqu’un qui réussit.


Quand on évoque le sujet, l’image qu’on a tout de suite en tête c’est un enfant à l’air sérieux, timide mais un brin arrogant, avec des lunettes (allez savoir pourquoi ?) qui se comporte comme une encyclopédie vivante.




Le terme « haut potentiel intellectuel» est, me semble-t-il, plus approprié. Un haut potentiel exprime l’idée d’un haut niveau de réflexion POSSIBLE et non permanent qui demande une certaine implication. En effet, les neurosciences étudient le fonctionnement de ces enfants un peu particuliers. Les IRM cérébrales des HPI montrent que plus de zones sont activées pour traiter un même problème ou une même information qu’un enfant non HPI. Cela sous-entend un réseau neuronal plus important et plus complexe qui offre donc plus de chemins cognitifs et plus de possibilités.


Je dirais donc qu’un HP a plus de possibilités dans différents domaines, mais faut-il encore qu’il les utilise. Souvent il n’est même pas conscient de ces possibilités, il ne sait pas comment les exploiter. Ses capacités peuvent être fortement diminuées par un déséquilibre émotionnel.




Quand le côté émotionnel prend trop de place


Pour beaucoup d’enfants, le côté haut potentiel s’accompagne d’une grande empathie et d’une hypersensibilité avec une faible estime de soi. Cela peut devenir très préjudiciable voir handicapant selon la situation rencontrée.


Le décalage avec les autres enfants entraîne une non reconnaissance des autres (qui se traduit souvent par une mise à l’écart) d’une part et d’un sentiment de solitude d’autre part. Ce sentiment de solitude peut être présent même quand l’enfant joue avec des copains. Il vient du fait qu’il n’a pas les mêmes préoccupations, les mêmes questionnements ou les mêmes centres d’intérêts. Bien souvent, il ne trouve personne de son âge avec qui partager ses pensées, ses idées et ses questions.



Généralement, il connaît cela depuis tout petit donc il fait avec et se mêle plus ou moins aux autres, comme il peut. Mais quand il est victime de moqueries répétées, trop mis à l’écart, ou que survient une dispute, il peut être complètement déstabilisé et ses émotions l’envahissent tellement que cela bloque ses capacités de réflexion, de concentration et de mémorisation. Un peu comme si certains disjoncteurs cérébraux se mettaient sur off pour le protéger.


Il arrive qu’en étant incompris par son entourage, ses camarades ou suite à un choc émotionnel, l’enfant HP développe un sentiment d’infériorité, il pense alors être nul et pas « normal ». Si l’estime de lui-même est trop malmenée, il peut entrer dans un état dépressif, ce qui perturbera évidemment ses apprentissages.




Des difficultés d’adaptabilité


Nous avons déjà vu que les interactions sociales sont compliquées pour lui et il est possible que cela persiste à l’âge adulte dans le milieu professionnel. En effet, certains auront des difficultés à s’intégrer dans une équipe ou bien la communication avec la hiérarchie ne sera pas toujours aisée.


Les personnes haut potentiel ont un côté perfectionniste qui les ralentit sur certaines tâches, au niveau scolaire c’est souvent une lenteur d’écriture qui ressort. Ecrire un cours va donc demander plus d’attention, ce qui laissera moins de place à la mémoire de travail.



Les HP aiment la précision et sont exigeants envers les autres (ce qui n’est pas très apprécié). Ce besoin de précision peut les bloquer dans la compréhension des consignes ou leur faire perdre du temps à réfléchir aux diverses significations possibles. Ils ont parfois des interprétations tout à fait surprenantes.


Ils peuvent réaliser des tâches complexes et être complètement perdus quand on leur pose une question simple et évidente, c’est leur mode de fonctionnement.


Ce qui leur pose le plus de problème, c’est d’expliquer leur raisonnement, le chemin qui les a conduits à la réponse. Hors, c’est justement cela qui leur est demandé de faire le plus souvent au collège et au lycée. Pour certains, la réflexion se fait trop rapidement, ils arrivent à la réponse (qui leur semble alors évidente) sans avoir conscience de comment ils l’ont trouvé, c’est donc impossible de donner une explication. Pour d’autres, certaines explications sont vues comme inutiles ou une perte de temps qui provoque l’ennui.


Enfin, de nombreux psychologues parlent de pensées en arborescence pour les HP alors qu’un non HP aurait une pensée dite linéaire. Dans le schéma scolaire qui est demandé aux élèves, cette pensée en arborescence n’est pas efficace. Elle peut distraire l’élève, il passe d’une idée à une autre et peut rapidement s’éloigner du sujet. Le trop plein d’idées est difficile à structurer et à canaliser : ces élèves sont souvent perdus et épuisés.




Conclusion


L’enfant précoce ou surdoué possède un potentiel important qu’il n’arrive pas toujours à exploiter. Son mode de fonctionnement cérébral n’est pas vraiment adapté aux attentes scolaires, il peut alors se retrouver en échec. S’ajoute à cela, une estime de soi difficile à construire à cause de son décalage avec les autres et une sensibilité émotionnelle importante à gérer. On est loin de l’image de réussite absolue qui concerne finalement très peu de personnes.


Si vous êtes concerné, vous pouvez partager en commentaire les difficultés rencontrées par votre enfant.

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